Auteur·es : Base Commune
Date : Octobre 2021
À quelques pas du métro Billancourt et des chantiers de l’île Seguin, la rue Pelterie détonne dans le tissu urbain boulonnais. Plombier, électricien, tapissier, menuisier, miroitier… Une vingtaine de locaux artisanaux y ont pignon sur rue. Ils sont, dans leur majorité, situés en pied d’immeuble de logements. Bienvenue au centre Couchot, exemple rare d’une cohabitation réussie entre activités artisanales et ville dense.
Dans cette rue peu passante, camionnettes et utilitaires se succèdent sur les emplacements prévus à cet effet. « Nous recevons des pièces chaque jour, car nous fonctionnons à flux tendus pour minimiser les espaces de stockage » explique M. Peltier, dirigeant de Plombix, une entreprise de plomberie de 7 salariés installée dans le centre depuis sa création. « L’artisanat, ça fait du bruit, ça dérange, et ça ne paye pas le même loyer qu’un commerce ou un bureau… C’est pourquoi nous nous retrouvons souvent en périphérie. Et pourtant une ville a besoin de ses artisans. » Le centre Couchot a été créé en réponse à cette problématique. Il propose des locaux de 25m2 à 350 m2, parfaitement adaptés aux besoins des artisans : absence d’emmarchement, doubles-portes, stationnement sécurisé, espace de livraison, hauteur sous plafond… Le tout pour un loyer modeste, accessible à une bourse d’artisan.
Comment vit ce drôle de voisinage, digne d’un faubourg artisanal haussmannien ? Chaque année, la fête des voisins réunit artisans et habitants. L’outil en main, une association d’initiation aux travaux manuels par des artisans retraités, occupe l’un des locaux du centre. Un menuisier, spécialisé dans la découpe pour les particuliers, fait même Relais Colis. Mais la bonne entente touche parfois ses limites. Certains habitant se plaignent du bruit. Et bien que chacun se connaisse, la dynamique collective entre artisans n’est pas vraiment au rendez-vous : « J’ai inscrit centre Couchot sur ma camionnette. Je suis le seul. » constate M. Peltier.
La création du centre en 1999 est le fruit d’une collaboration entre la ville de Boulogne et un opérateur privé spécialiste des locaux artisanaux et centres commerciaux de proximité, la SODES. Pendant douze ans, le choix des occupants est assuré par une commission associant la mairie et la Chambre des métiers. Une subvention municipale de 9 ans (la durée des premiers baux) maintient les loyers 30% en dessous du prix du marché. Les critères ? Etre une entreprise du BTP, avoir au moins deux ans d’existence et son siège social à Boulogne.
À la livraison de ce centre atypique, les candidats ne se sont pas bousculé au portillon. Près de vingt ans après, Couchot a fait ses preuves et les locaux trouvent preneurs sans difficulté. Une partie du centre est soumise au droit de préemption commerciale de la ville, garant du maintien de son caractère artisanal. Et l’activité semble bien installée. M. Peltier veut y croire : « J’aimerais d’ailleurs aider à développer d’autres centres de ce type. »